Tuesday, March 07, 2006

La question des droits de l’homme sépare les USA et l’Europe et laisse les USA isolés

La question des droits de l’homme, posée comme elle l’est aujourd’hui, est d’une importance politique objective radicalement moindre que ne l’avancent les analystes qui lui font jouer ce rôle. Elle est considérée par les dirigeants politiques d’abord pour son effet médiatique et, le plus souvent, utilisée comme un faux semblant. L’efficacité de cette politique dans la situation actuelle est largement contestable à cause de cette façon de l’aborder qui privilégie l’effet aux dépens des résultats. Plutôt qu’en parler beaucoup, il serait préférable de suivre des politiques plus équilibrées, moins brutales, qui aboutiraient à des situations dont les contraintes conduiraient à des transgressions beaucoup plus réduites des droits de l’homme.

Un effet de cette attitude de promotion publicitaire mais sans véritable substance des droits de l’homme est pourtant de créer des situations politiques dont l’importance est réelle, et dont les effets sont et pourraient être à terme bénéfiques (y compris, indirectement, pour les droits de l’homme). L’évolution de l’image des USA est le point le plus important aujourd’hui. La politique virtualiste des USA, passant par un hubris considérable, conduit ce pays à réfuter la moindre accusation contre sa politique par simple principe d’infaillibilité morale et à combattre toute tentative d’appréciation à son égard. Cela place les USA dans des positions d’isolement très inhabituels et très dommageables. L’effet politique est important parce que la puissance des USA est fondée en part importante sur l’apparence de la vertu morale censée donner à la force américaine le droit moral à l’intervention. Si cette apparence se dégrade, la puissance américaine se dégrade.

Les dernières péripéties à l’ONU confirment cette orientation, avec la cerise sur le gâteau d’une déclaration de Bolton expliquant l’opposition US à la création d’un Conseil des Nations Unies sur les droits de l’homme : « The United States made its decision not to support the current draft based on the principle that we should not compromise when talking about human rights. » La philosophie boltonesque est toujours instructive à entendre.

Ci-dessous, un texte de nos sources internes.

EU backs new U.N. Human Rights Council, leaving U.S. isolated.

« The European Union gave its backing Wednesday night to a compromise proposal to create a U.N. Human Rights Council, a move that leaves the United States isolated from some of its closest allies. U.S. opposition to the new body, which would replace the U.N. Human Rights Commission, delayed quick approval and sparked intense consultation on the pros and cons of reopening negotiations. It also put the United States on a collision course with supporters of the proposal including many U.N. member states, Secretary-General Kofi Annan, key human rights groups, and a dozen Nobel peace laureates.

» The brief EU statement, obtained from a European diplomat, said the 25-nation body considers last week's proposal by General Assembly President Jan Eliasson to meet “the basic requirements for the establishment of a Human Rights Council.” “The EU could therefore accept this text as a compromise,” the statement said. Eliasson told The Associated Press he had been informed of the EU's support. “That's very good news. I'm very grateful for this support, and I hope we will move closer to taking a decision on this important matter,” he said. Richard Grenell, spokesman for U.S. Ambassador John Bolton, reiterated the U.S. opposition to the proposal. “The United States made its decision not to support the current draft based on the principle that we should not compromise when talking about human rights,” he said. Britain's U.N. Ambassador Emyr Jones Parry told reporters earlier Wednesday that the EU strongly favors adoption of a text by consensus. “It also recognizes that adopting that text without United States support isn't good for human rights and not particularly good for the council,” he said. “And that's the dilemma the president of the General Assembly has, and we will give him whatever help we can as he decides now how to go forward.” The EU statement didn't mention the United States but backed efforts to increase support. “The EU fully supports the president of the General Assembly's efforts to secure the broadest possible backing for the early establishment of the Human Rights Council,” it said. »

[A noter: nous disons bien “sources internes”, malgré la remarque d’un lecteur à cet égard. Il s’agit bien d’un apport extérieur informel propre à notre site et qui doit rester informel. Nous le prenons à notre propre compte et il figure donc comme “source interne”. Lorsque nous travaillons en “sources ouvertes”, l’indication est donnée par la citation identifiée de la source et, le plus souvent, par un lien vers cette source.]

Rapport annuel du département d'Etat américain sur la situation des droits de l'homme dans le monde

Droits de l'homme : le département d'État va publier son rapport annuel
Cette publication aura lieu le 8 mars.

Washington - Le département d'État des États-Unis a prévu de rendre public, le 8 mars, son rapport annuel sur les droits de l'homme, qui porte sur 196 pays.

Ce rapport se compose de rapports particuliers sur l'engagement de chaque pays à protéger les droits figurant dans la Déclaration universelle des droits de l'homme que l'ONU a adoptée en 1948, notamment les droits civiques et politiques tels que la liberté d'expression, la liberté religieuse, la liberté de la presse, le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays et le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'y affilier. Il comprend aussi des sections sur les disparitions forcées, l'incarcération, la torture et la discrimination fondée sur la race, le sexe, les handicaps physiques, la langue et le statut social.

C'est un amendement de la loi sur l'aide à l'étranger de 1976 qui exige que le secrétaire d'État soumette au Congrès, chaque année, un rapport détaillé sur le respect des droits de l'homme reconnus par la communauté internationale dans les pays qui reçoivent une aide des États-Unis en matière de sécurité.

Le premier rapport sur les droits de l'homme, qui remonte à 1977, portait sur la situation en la matière dans 82 pays. Le Congrès a ensuite accru le nombre de ces pays en décidant que le rapport devait aussi avoir trait aux pays qui recevaient une aide économique des États-Unis et qui étaient membres de l'ONU. Le département d'État prépare aussi des rapports sur les pays qui ne tombent pas dans ces deux catégories.

La portée du rapport est aussi devenue plus large. En 1993, de nouvelles sections ayant trait aux droits des femmes et des enfants, des peuples indigènes, des personnes handicapées, des minorités nationales, raciales et ethniques y ont été ajoutées. En 2004, il a été décidé d'y inclure des sections sur la transparence, la corruption, l'antisémitisme et la discrimination d'origine sexuelle.

La préparation d'un tel rapport exige la coopération d'une multitude de personnes et d'organismes dans chaque pays. Les ambassades des États-Unis recueillent des renseignements de membres du gouvernement, de journalistes, d'organismes de défense des droits de l'homme, d'universitaires et de militants. Après une vérification détaillée des renseignements recueillis, elles soumettent un premier projet à la direction de la démocratie, des droits de l'homme et du travail du département d'État. Cette direction prépare alors la version définitive du rapport pour chaque pays en consultation avec d'autres directions du département d'État et avec d'autres sources. Le rapport définitif, qui se compose de plusieurs volumes, est remis au Congrès, traduit en partie dans diverses langues et diffusé sur l'internet (www.usinfo.state.gov).

C'est l'un des documents du département d'État qui sont le plus lus et il sert de base à l'élaboration de la politique des États-Unis en matière de protection des droits de l'homme, à la conduite de la diplomatie et à l'affectation de l'aide, de la formation technique et d'autres ressources.

« La compilation consciencieuse des données de ce rapport nous permet de mieux nous opposer à l'oppression et de mieux défendre la dignité humaine et la liberté », indique la secrétaire d'État, Mme Condoleezza Rice, dans l'introduction du rapport de 2004 qui a paru le 28 février 2005.

Un rapport de suivi est rendu public un mois après la parution du rapport sur les droits de l'homme et donne un aperçu des mesures prises par les États-Unis pour faire face aux problèmes soulevés dans le premier rapport.