Saturday, December 03, 2005

Soudan : Des groupes de défense de droits recommandent une action de l'ONU

Inter Press Service (Johannesburg)
ACTUALITÉS
1 Décembre 2005
Publié sur le web le 2 Décembre 2005

By Julia Spurzem


- Des autorités soudanaises et des chefs rebelles du Darfour ont entamé une septième série de pourparlers de paix mardi à Abuja, au Nigeria, au moment où des militants des droits de l'Homme intensifiaient les pressions sur les Nations Unies pour que des sanctions soient prises à l'encontre du gouvernement à Khartoum.

Les discussions ont été retardées pendant une semaine pour permettre la médiation entre les deux chefs du principal groupe rebelle, l'Armée de libération du Soudan (SLA), qui revendiquent tous les deux la présidence du mouvement. Les deux chefs rebelles ont accepté de prendre part aux pourparlers et l'Union africaine (UA) les a emmenés par avion à Abuja, où le septième round de discussions parrainées par l'UA s'est ouvert.

Six précédents rounds ont débouché sur très peu de choses si ce n'est une déclaration de principes entre les deux principaux groupes rebelles du Darfour et le gouvernement. Des observateurs ont affirmé qu'ils voyaient très peu d'espoir de succès pour ce round après une scission à la tête de la SLA au début du mois d'octobre. Mais l'UA espère toujours des avancées.

Une déclaration publiée par le Conseil de paix et de sécurité de l'UA a indiqué que l'UA "étudiera des mesures appropriées futures, y compris des sanctions, à prendre contre toute partie qui sapera ou constituera un obstacle au processus de paix au Darfour".

La semaine dernière, le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU -- Kofi Annan -- pour le Soudan, Jan Pronk, s'est rendu dans le pays pour rencontrer différents groupes impliqués dans le conflit. Il espérait que les deux chefs de la SLA prendraient part aux pourparlers à Abuja.

La priorité était d'obtenir un accord avec une signature "qui signifie quelque chose", a-t-il déclaré. Pronk a délivré un message aux deux leaders de la SLA, affirmant : "vous devez vous rencontrer pour négocier pour le bien de votre peuple".

Mais des activistes des droits de l'Homme notent que la situation humanitaire au Darfour ne s'est pas améliorée au cours du mois d'octobre, et exhortent les Nations Unies à prendre des sanctions contre le gouvernement soudanais, qui n'est pas parvenu à désarmer les milices, à mettre fin à l'impunité et à protéger les civils.

"La protection des civils ne s'est pas du tout améliorée malgré les nombreuses résolutions votées au Conseil de sécurité", a déclaré Georgette Gagnon, directrice adjointe de la Division Afrique de Human Rights Watch, dans un point de presse à l'ONU.

Ensemble avec Sali Mahmoud Osman, un avocat de 'Sudan Organisation Against Torture' (Organisation contre la torture au Soudan), qui travaille avec des victimes de violations des droits de l'Homme dans la région en proie aux troubles, Gagnon a parlé de la situation actuelle au Darfour et du rôle de l'ONU pour mettre fin au conflit.

Osman estime que la situation au Darfour ne s'est pas améliorée parce que les résolutions n'ont pas été mises en Å"uvre. "C'est la chose la plus importante. Sans la mise en Å"uvre, il apparaît que la communauté internationale n'est pas sérieuse à propos de la situation", a-t-il dit à IPS.

Osman a demandé aux Etats-Unis et à d'autres membres du Conseil de sécurité de mettre fin à ce qu'il a décrit comme une "impasse" dans le processus de sanctions. Il a critiqué trois membres -- la Chine, la Russie et l'Algérie -- pour avoir bloqué les tentatives du Conseil de sécurité de prendre des sanctions contre le gouvernement de Khartoum ou les milices soutenues par le gouvernement.

"La Chine, la Russie et l'Algérie ne se soucient pas beaucoup de la situation humanitaire au Darfour", a souligné osman.

Human Rights Watch et lui se focalisent sur d'autres membres puissants du Conseil de sécurité, comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, pour prendre le contrôle du plan et s'assurer que les trois Etats membres ne bloqueront pas les sanctions.

Les Etats membres devraient également condamner l'éventualité que le Soudan prenne la présidence de l'Union africaine en janvier, selon les activistes.. "Nous croyons fermement que cela ne devrait pas arriver", a affirmé Gagnon. "En fin de compte, la décision revient à l'Union africaine elle-même".

Plus tôt en novembre, les directeurs des divisions Afrique et Washington de Human Rights Watch ont envoyé une lettre ouverte au sous-secrétaire d'Etat américain Robert Zoellick, qui a récemment rencontré différentes factions du conflit au Kenya.

La lettre exhortait Zoellick à exiger la coopération totale du gouvernement soudanais avec des agences étrangères de surveillance et d'aide, et demandait au gouvernement de démontrer son attachement aux droits de l'Homme et à la paix à travers des actions plutôt que des mots.

"Nous vous exhortons à faire en sorte que le gouvernement américain joue le rôle principal au Conseil de sécurité de l'ONU en produisant une résolution à cet effet", indiquait la lettre.

Osman veut également qu'on recentre l'attention sur le Darfour. "Il devrait y avoir une augmentation de la prise de conscience. Certains pensent que parce qu'il n'y a pas d'attaques massives, c'est la fin de l'histoire, mais ce n'est pas le cas", a-t-il dit à IPS.

Le génocide continue toujours, ajoute-t-il. Et même si l'ONU a fait quelque chose de très bien et d'important, "l'ONU ne devrait pas laisser le Darfour hors de l'écran radar", a-t-il souligné.

Pendant le conflit qui dure presque trois ans au Soudan, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et plus de deux millions ont été contraintes de quitter leurs maisons.

Le tout dernier rapport du secrétaire général Annan sur le Darfour indique que des éléments critiques d'une approche coordonnée en faveur de la paix dans la région devraient inclure non seulement la réconciliation des factions, mais également des consultations entre l'équipe de médiation de l'UA et les parties soudanaises sur une commission de partage de pouvoir pour la région.

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